L’univers de la maison écologique ne se limite par à la construction. Sa définition n’est pas d’ailleurs pas vraiment établie… Pourtant, il s’agit d’un enjeu fondamental. Et il n’est pas nécessaire de passer à une Tiny House pour commencer à avoir un impact.
Nous vivons l’explosion du bio. Les magasins spécialisés, les grandes surfaces, tout le monde s’y met. Le demande est tellement forte que le label bio ne suffit pas toujours à contenir certaines dérives.
Un autre grand mouvement est en train de prendre son élan : l’écologie dans l’habitat. Alors bien sûr, dans les media (y compris sur ce blog), nous vous parlons d’habitats alternatifs, de maison écologique, de tiny house, de personnes qui auto construisent avec de la paille, de la terre…
Mais, il n’est pas nécessaire d’avoir des choix aussi radicaux pour commencer à réduire son impact sur l’environnement par son habitat.
Le succès du bio tire ses racines dans le besoin de prendre soin de sa santé, mais aussi de produire une alimentation de manière plus équitable et respectueuse de l’environnement.
Le mouvement Bio vise à corriger les déséquilibres qui faisaient de la nourriture un produit dont seuls la quantité et le prix avaient de l’importance.
Le bio est un mouvement gagnant-gagnant. Je me fais du bien, je fais du bien aux autres et à l’environnement.
Car finalement, c’est aussi un moyen d’apaiser sa conscience.
Car au fond de nous, nous souhaitons le meilleur. Pour soi, mais aussi, pour les autres. Car quelque part, cela permet de faire durer la relation que nous entretenons dans ce trio : moi, autrui, notre environnement.
Dans cette perspective, le “bio” concerne notre alimentation, mais fait partie d’un ensemble bien plus important.
Parmi ceux-ci, il y a donc… l’habitat.
Son impact est considérable : c’est le premier consommateur de ressources (si on y inclut le secteur du bâtiment). 30% des gaz à effet de serre (20% pour le résidentiel), 30à 40% des ressources prélevées sur la planète y sont consacrées.
Son impact est majeur, tant au niveau de la consommation d’énergie que des ressources.
Il y a donc une remise en question à faire sur notre “pratique” de l’habitat : origine des énergies, diminution de la consommation, des ressources.
Et dans ce questionnement, on doit aussi se demander ce qui rend effectivement un habitat confortable. Car cela doit rester la finalité qui guide nos choix dans un contexte de contraction des ressources disponibles, et d’un bouleversement dû aux émissions de Gaz à effet de Serre.
Transition écologique : une fatalité ou une opportunité ?
Si on ne voit que des contraintes à cette adaptation, le mouvement en sera freiné. Mais le temps nous est compté, et il faut travailler à toutes les échelles.
Si la contrainte va générer peu d’implication, la motivation est source d’élan.
Travaillons donc alors sur nos motivations ! Et rendons l’utile (l’indispensable) à l’agréable !
Quels sont les leviers pour doper les motivations pour une maison écologique ?
En premier lieu, la motivation économique :
- Elle est opportuniste et finalement assez aléatoire suivant les conditions de chacun.
- Elle peut être pilotée au niveau de l’État par la fiscalité, les incitations ou les aides diverses.
Notons que les aides finissent, parfois, par déformer artificiellement le marché et se retrouvent davantage dans la poche d’intermédiaires qu’au profit de l’utilisateur final. (Par exemple, les incitations à la location type Pinel…) Voire pire, elle profite à des escrocs (isolation à 1€ qui n’isole rien du tout voire, met en danger l’habitat et ses occupants…) - Mais elle peut aussi générer des opportunités de marché. (Ex : faire des économies sur sa facture d’électricité en changeant de fournisseur…)
- ou encore par la diffusion d’une technologie aboutie :
Je pense aujourd’hui à l’émergence du photovoltaïque qui compte tenu de la performance des panneaux et de leur coût peuvent parfaitement se passer d’incitation financière (type subventions ou primes) : les économies sur sa facture d’électricité, lorsque l’installation est bien dimensionnée et utilisée avec pertinence, justifient à elles seules l’installation.
Mais il y a une motivation sans doute plus profonde à déclencher : la prise de conscience de la surconsommation des ressources naturelles, et le sur-usage des produits carbonés et pétroliers, dont les conséquences se confirment depuis 30 à 40 ans d’études.
En tout premier : prendre conscience des conséquences du mode de vie standardisé sur la planète.
Le cerveau est ainsi fait qu’il a du mal à prendre conscience de quelque chose éloigné dans l’espace et dans le temps. Ou autrement dit, quand les causes et les conséquences ne sont pas immédiatement sensibles.
Aujourd’hui, il s’agit de signes dont on ne fait pas le rapprochement à l’échelle de ce que peut appréhender un individu. Quand bien même il s’agit d’extrêmes.
Ici une sécheresse qui provoque la mort d’une partie des forêts, là une période caniculaire, des mega incendies, la disparition d’un glacier, un cours d’eau, un fleuve étonnamment bas, des inondations, l’apparition de moustiques tigres qui ne permet plus de vivre dehors en été…
Et la perspective d’un emballement : fonte du permafrost et libération du méthane qu’il contient (gaz à effet de serre encore plus impactant que le CO2), températures qui atteignent un niveau tel que la croissance globale des végétaux en est freinée, limitant la capture du CO2 dans la biomasse, et amplifiant donc l’effet de Serre.
Comment rapprocher tous ces faits par nos seuls sens ? Comment pourrait-on le faire sans les mesures, les études, les modélisations scientifiques ?
Tant que cela ne nous touche pas rapidement et directement, nous ne voyons pas où se trouve le problème et encore moins comment le résoudre.
Donc le plus important est de s’informer :
On peut être sceptique, mais quand les informations se recoupent, que les prévisions du passé se réalisent, que l’on voit de ses yeux les effets de la disparition de forêt, du recul des glaciers (qui n’a pas trop de conséquence aujourd’hui, mais en aura dans la régulation des cours d’eau).
Un exemple : La CNR, qui gère les eaux du Rhône, estime que le fleuve pourrait perdre 40% de son débit d’ici 2050. Dit comme cela, ça pourrait être un chiffre parmi d’autres. Sauf quand on considère que le Rhône est déjà sujet à arbitrage entre les eaux urbaines (que nous buvons et avec lesquelles nous nous lavons), l’industrie, l’agriculture, le refroidissement des centrales électriques (nucléaires et thermiques), ou encore le fonctionnement des centrales hydrauliques… Alors imaginez la situation avec 40% d’eau en moins. Faudra-t-il stopper des centrales et avoir des pénuries d’électricité ? perdre des récoltes, restreindre des industries ?…
Voilà le genre de dilemme dans lequel nous nous trouverons (et nous trouvons déjà épisodiquement).
Sachant qu’on ne peut pas toujours favoriser l’un par rapport à l’autre, chacun doit pouvoir anticiper la situation. Et ne plus faire comme si le monde que nous connaissons était éternel.
Nous nous devons de nous préparer… et de limiter notre impact pour alléger les changements qui sont en train de se produire. Pour notre le futur et nos descendants.
Dépasser les positions politiques de fait
Je suis décontenancé de voir dans la presse des guerres de position sur des sujets aussi essentiels.
L’opinion se base bien trop souvent sur une appartenance politique que sur des faits, des études scientifiques.
Il est vrai que les sources sont tellement nombreuses et parfois contradictoires qu’il est facile d’arriver à démontrer ce qu’on l’on veut à partir du moment où l’on part de la conclusion que l’on cherche démontrer par tout moyen.
Ainsi, pour couper (avec humilité) le débat croissance/décroissance, capitalisme/anti capitalisme, ce n’est pas tant le capitalisme la source de la surexploitation que nous connaissons depuis 2 siècles, que le mode de production industriel (qui est induit et permis par des ressources naturelles dont le coût n’est pas pris en compte (mais seulement son extraction), une énergie abondante et bon marché).
En effet, les sociétés communistes, par exemple, ont utilisé les mêmes modes de productions industrielles et ont surexploité de la même manière les ressources naturelles.
Le capitalisme peut-il être compatible avec le monde qui nous attend ? Et pourquoi pas ? Mais il lui faudra lui aussi s’adapter en prenant en compte dans les bilans financiers la destruction des énergies fossiles, les provisions liées aux coûts induits par le changement climatique, la criticité des ressources naturelles… Ce qui rendrait, aujourd’hui, non rentable quasiment toute entreprise…
En résumé, il faut en préliminaire :
- prendre conscience de notre impact sur la planète :
(Si vous êtes climato sceptique, convaincu que l’humanité pourra se répandre sur la planète comme elle le fait pour l’éternité sans conséquence, alors, bon… continuez à lire cet article pour vous distraire.)😜 - cultiver les motivations autres que financières.
- dépasser les clivages idéologiques
Nous allons voir maintenant comment commencer son action vers une “maison écologique”
5 points pour commencer une » maison écologique » :
1. S’informer toujours plus sur les conséquences de notre mode de vie :
Je vous recommande quelques sources d’information :
- Vidéo de l’insead : “Jancovici : Energie et climat pour demain: quels scénarios après les crises? – INSEAD: – 18/01/2021 –
- Études de l’ademe : https://www.ademe.fr/mediatheque. Pour rappel, Ademe signifie “Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie”. Aujourd’hui, sa mission est “L’Agence de la transition écologique”. Sa mission a évolué.
Vous y trouverez une production riche.
Électricité en France : comment produit-on l’électricité?
- le parc installé https://www.rte-france.com/eco2mix/les-chiffres-cles-de-lelectricite
- Production par filière https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere#
- Lire les “Programmations pluriannuelles de l’énergie” (PPE), au moins pour voir sur quoi l’état français s’est engagé dans : https://www.ecologie.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppe
- l’affaire du siècle : Le tribunal administratif de Paris a reconnu mercredi l’État français coupable d’inaction climatique.
Donc on ne pourra pas dire que l’on ne savait pas, que l’on ne pouvait… si même la justice le reconnaît… et que l’on continue à faire comme si…
https://www.france24.com/fr/france/20210203-l-affaire-du-si%C3%A8cle-premi%C3%A8re-historique-ou-jugement-symbolique
Et bien sûr, consulter régulièrement ce blog !
2. Avoir consciences de ses factures de consommation énergétique et avoir un ordre d’idée de l’énergie consommée :
Nous avons une source d’information conséquente dans nos factures.
- électricité
- chauffage (gaz, fuel).
Vous y trouverez le nombre de KwH heures consommés. Ayez-le en tête, le montant de vos factures et un ordre d’idée des quantités consommées.
Voici quelques échelles sur lesquelles vous pouvez vous référer. Juste pour savoir de quoi on parle (et pas seulement d’argent !).
Il faut par exemple à l’année pour une maison de 100m2 :
Maison mal isolée | Maison isolée | Maison BBC |
250 kWh/m².an | 150 kWh/m².an | 64 kWh/m².an* |
soit 25 000 kWh/an | soit 15 000 kWh/an | soit 6 400 kWh/an |
Quantité d’énergie par kilos par type de combustible. A noter qu’il s’agit d’une énergie lors d’une combustion idéale. L’énergie restituée va dépendre de votre chaudière.
Energie | Unité | kWh* |
Bois | 1 kg | 4.5 |
Pellet | 1 kg | 4.6 |
Charbon | 1 kg | 6.9-9.9 |
Gaz butane | 1 kg | 13.7 |
Gaz propane | 1 kg | 13.8 |
Fioul | 1 litre | 10.4 |
Gaz naturel | 1 m3 | 10.4 |
Concernant la consommation domestique, voici un ordre de grandeur de la consommation annuelle par type d’appareil :
Source : Ademe.
Poste consommation électrique | Consommation annuelle moyenne | Consommation journalière moyenne |
Chauffage | 10542 kWh/an | 28,9 kWh/jour |
Eau chaude | 2054 kWh/an | 5,6 kWh/jour |
Cuisson | 1171 kWh/an | 3,2 kWh/jour |
Autres (éclairage, électronique, électroménager) | 3208 kWh/an | 8,7 kWh/jour |
3. Comprendre les émissions de gaz à effet de serre à son niveau :
Le site myCo2 propose des webconférences pendant lesquelles on peut estimer ses émissions de CO2, et se situer parmi les plus vertueux.
Pour s’inscrire et suivre une conférence : cliquer Ici
4. Comment commencer sans faire de gros travaux et avoir une action immédiate : Le début d’une maison écologique
Comme dit plusieurs fois dans ce blog, le confort n’est pas lié à une seule température, mais à différents paramètres tels que
- le taux d’humidité relative
- les courants d’air
- les variations de température
- la présence de rayonnements qui compensent nos pertes caloriques
Et donc, on peut se sentir bien avec un air à 16°, et avoir froid avec un air à 20°.
Aussi, pour avoir un effet immédiat de confort sans investissement dans de gros travaux d’isolation, et sans mettre à fond la chaudière, voici quelques petites astuces à avoir à l’esprit :
- froid aux pieds :
mettez des tapis là où vous vous tenez assis ou debout, ou portez des chaussons à semelles épaisses. (C’est beaucoup plus efficace et moins coûteux qu’une isolation par le sol…) - courants d’air :
- fermez les portes, mettez au bas de la porte un coupe courant d’air, type boudins ou bas de porte adhésifs ou à visser qui empêchent l’air de s’infiltrer.
- Rendez les fenêtres étanches : le remplacement des joints à lui seul peut stopper les courants d’air si la fenêtre et son encadrement sont en bon état.
- Posez des rideaux thermiques : les rideaux thermiques ne sont pas seulement un complément d’isolant, ils permettent aussi de couper les courant d’air. On en trouve dans tous les magasins de textiles et les grands magasins de déco/bricolage. On peut également économiser 40% d’apport de chauffage grâce à ces rideaux, mais ils ne sont pas vraiment pertinents en journée. (pour ne pas vivre dans le noir…)
- Fermez les volets : c’est un premier rempart au vent qui accentue les courants d’air
- Taux d’humidité relative :
C’est le facteur le plus important pour le confort. Pour le gérer, lorsqu’un habitat est complètement étanche, il faut augmenter la température et donc chauffer pour faire baisser ce taux. Mais il existe un moyen moins énergivore : le renouvellement d’air (contrôlé).
Pour cela, on utilise une VMC qui assure un renouvellement constant qui ne génère pas d’inconfort (voir point ci-cessus).
Il faut cependant veiller à ne pas obturer les petites grilles qui se trouvent dans le haut des fenêtres et par où l’air extérieur pénètre (lentement) dans la maison. - La variation de température :
Si l’on se tient dans une pièce dont la température ne cesse d’augmenter et descendre, nous allons rapidement passer de la sensation de froid au chaud. Et sans doute, avoir une sensation de froid continuelle.
Pour lutter contre cela, faites installer un thermostat dans la pièce dans laquelle vous vous tenez. Il existe des thermostats qui prennent en compte l’inertie de la pièce et du chauffage.
Le coût d’un thermostat est rapidement amorti.
5. Petites habitudes qui permettent d’économiser de l’énergie dans son habitat :
- Lors de la cuisson, ou du chauffage d’eau : utilisez un couvercle ou une bouilloire. Un simple couvercle permet d’économiser 30 % d’énergie, voire 70 % dans le cas des liquides !
- Privilégiez les douches aux bains
- Installez un réducteur de débit sur un pommeau de douche, le robinet de l’évier ou de lavabo.
Et en hiver, privilégiez les vêtements confortables et chauds plutôt que la montée du chauffage. Pour ma part, je suis tombé amoureux des laines. La sensation de froid est rapidement dissipée en mettant un pull dans une belle laine. Bon, je vous l’avoue mais ne le répétez pas, j’ai un bonnet péruvien en alpaga que j’adore. Et il suffit que je le mette quelques minutes pour me réchauffer.
Et oui, c’est par les extrémités que l’on ressent le plus le froid : pied, main, tête. Donc, avant de monter la chaudière, il vaut mieux s’occuper d’eux !
Voilà quelques conseils avant d’entreprendre des travaux plus lourds tels que l’isolation, le changement de chaudière, le changement des fenêtres…
En conclusion :
Pour commencer à comprendre l’intérêt de faire de sa maison “une maison écologique”, il faut avant tout s’informer pour mesurer les conséquences de nos modes de vie.
Ensuite, vérifier que les fondamentaux sont couverts avant d’aller vers des transformations coûteuses en ressources.
Sachez toutefois que c’est par le toit que l’on perd le plus de calories, puis par les menuiseries, les murs (tout dépend de leur taille par rapport à la surface de l’habitat). Cela vous donne une idée de la priorité des travaux d’isolation, par exemple.
Tous travaux signifient un prélèvement de ressources dans notre environnement. il faut en avoir conscience. Et ils doivent être mesurées sur un bilan prenant en compte la durée de vie des équipements et des aménagements.
C’est un argument supplémentaire pour commencer à mesurer l’impact que l’on peut faire en suivant les quelques fondamentaux cités dans cet article.
Merci, Goeffroy. Toujours captivant de te lire. J’aime bien que tu aies pris de temps de mettre dans le même panier capitalisme et communisme quand vient le le temps de produire… industriellement. Bon re-cadrage! Continue de nous instruire.